Engagé dans un bras de fer avec le ministre des Sports à la suite de la nomination de Marc Brys au poste de sélectionneur, Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), a reçu un avertissement indirect mais très clair de son ministère de tutelle !

Alors que Marc Brys a été officiellement intronisé lundi et qu’il a tendu la main à Eto’o, qui est pour l’instant resté sourd à l’appel, une réunion est prévue entre la Fecafoot et le ministre Narcisse Mouelle Kombi, jeudi à la primature. Depuis, les observateurs espèrent une réconciliation, ou du moins un règlement à l’amiable entre les deux acteurs du football camerounais. Dans le cas contraire, on se dirigerait vers une situation inédite avec une même sélection dotée de deux encadrements différents. Pour rappel, la Fécafoot a en effet demandé à son numéro un de choisir son propre staff en parallèle de celui de Brys.

“Une attitude quasi suicidaire”
“Soit Samuel Eto’o a décidé d’adopter une attitude quasi suicidaire, soit il espère négocier quelque chose avec le ministre des Sports. Mais on ne voit pas bien quel est son but, et surtout qui il pourrait nommer”, a commenté un ancien membre de la Fecafoot ayant requis l’anonymat, dans des propos relayés par Le Monde. Soutenu à son élection par le sérail camerounais, l’ancien Barcelonais, réputé pour son caractère trempé, se tirerait donc une balle dans le pied en allant jusqu’au bout de son conflit avec l’État, comme l’a prévenu Cyrille Tollo, conseiller technique auprès du ministre des Sports. “(Eto’o) est libre de faire ce qu’il veut, mais la nomination d’un autre sélectionneur serait une véritable défiance vis-à-vis de l’État”, a mis en garde le conseiller. “Nous continuons de penser qu’il aime son pays, qu’il respecte ses institutions et qu’il reviendra à de meilleurs sentiments”, a-t-il ajouté.

Bell avertit également Eto’o
D’autre part, la légende camerounaise au poste de gardien de buts, Joseph-Antoine Bell, double champion d’Afrique (1984, 1988), a prévenu Eto’o contre une éventuelle dégradation de son image. “Je ne vois pas quel entraîneur, qu’il soit Camerounais ou étranger, pourrait accepter une telle offre et se mettre dans une position très inconfortable qui pourrait nuire à sa réputation, a-t-il affirmé pour Le Monde. Samuel Eto’o dit qu’il est occupé par les obsèques de son père, ce qui est louable. Quand pourrait-il trouver le temps de chercher un sélectionneur ? Et surtout dans quel but ? Un entraîneur a été nommé, il faut en finir avec cette affaire.”

Au ministère, on se dit ne pas être outre mesure inquiété par le bouderie de la Fécafoot. “En 2007 puis en 2012, l’instance, alors présidée par Mohammed Iya, n’avait pas voulu signer les contrats de l’Allemand Otto Pfister et du Camerounais Jean-Paul Akono, mais cela n’avait pas fait obstacle à leur validation”, a rappelé Tollo au Monde.